GvdB 1489 Texte  Print (10p) Silence  Noms Camps

Wautrecht, R. - Les kommandos de Buchenwald et de Dora,  Témoignages,
[Houdeng-Goegnies], [R. Wautrecht], [1992], 95 p. dact., ill.

  

Table de matières (extraits

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Evacuation
Liberation
Expulsion
Wautrecht Raymond
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La conspiration du silence
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Noms
Camps

   

Evacuation -  Liberation -  Expulsion

  

Evacuation

Dora,début avril 1945, devant l'avance des troupes alliées, commence la dissolution du complexe de production des armes V dans et autour du Kohnstein - en même temps que la dissolution des camps de concentration. Le général S.S.Kammler ordonne l'évacuation des cadres employés aux fusées en direction des Alpes et commence la destruction des dossiers au four crématoire. Les documents secrets des fusées sont évacués par camions et cachés dans la mine "Georg Friedrich" près de Goslar. Les S.S. forcent ensuite les prisonniers d'emprunter route et rail vers l'inconnu. L'ordre d'Himmler qu'aucun Häftling ne peut tomber vivant aux mains de l'ennemi trouve en partie sont exécution lors des transports organisés à la hâte. Les détenus sont mis en route dans ce but: venant de Dora ou de ses kommandos avec différents points de chute finaux. Pour l'essentiel, c'est chaque fois des marches de la mort. Beaucoup de ces convois ont comme but final les camps de concentration de Bergen-Belsen et Sachsenhausen ou l'extermination comme à Gardelegen.

C'est dans un de ces convois que le 4 avril 45, a quitté le terrible camp d'Ellrich où je suis finalement venu échouer après avoir passé par Buchenwald - 54.619 - Dora - Harzungen. Un matin,n ous sommes agréablement surpris de ne pas devoir nous rendre au travail aux tunnels de Woffleben. Il règne au camp une certaine agitation, les gardes sont encore plus brutaux. Un bruit circule qu'il est question d'évacuer... Dans la confusion, des détenus tentent de récupérer des vêtements à 1'Effektenkammer car il faut savoir qu'à Ellrich il n'y avait pas assez de vêtements pour nous tous. Le 4 avril, les convois sont organisés: à coups de "schlagues" nos gardes nous conduisent vers la gare et nous parquent à plus de 70 dans des wagons découverts. J'assiste à des scènes déchirantes: un fils qui avait été séparé de son père brave les coups pour le retrouver, c'est tout ensanglanté qu' il le rejoint. En ce qui me concerne, c'est non sans mal que j'arrive à rester avec mon petit groupe d'amis dont Marcel Franssen qui est un père pour moi qui n'ai que 19 ans.

Dans notre wagon, c'est la bagarre pour avoir une petite place. C'est un spectacle atroce que de voir ces êtres d'une maigreur squelettique se battre, se piétiner pour trouver un endroit où s'installer... Au moment du départ, nous recevons un morceau de pain et une petite boite de "viande" dans laquelle il n'y a que de la graisse. Je déconseille à Marcel de la manger car nous avons la dysenterie mais i1 ne peut résister à la faim... La vie dans ce train de la mort est intenable. Vêtus de haillons nous sommes exposés à  tous vents, à la pluie, le ventre creux, la soif  qui oblige certains à boire leur urine, l'odeur infecte causée par les dysentériques qui sont nombreux. Les nuits sont longues et affreuses, la peur que l'on nous vole notre petit bout de pain et les lamentations des mourants nous tiennent éveillés.Lorsque notre convoi s'arrête, une corvée passe en criant "alles totes heraus!"(tous les morts dehors), l'on jette alors suc le bas côté de la voie ferrée les cadavres de notre wagon qui sont portés dans un autre wagon de tête.De temps en temps une fosse commune est creusée par des détenus.

Le "voyage" nous semble interminable,nos compagnons d'infortune succombent les uns après les autres. Mon ami Marcel est dans un état déplorable et je m'efforce de le réconforter en lui disant que nous serons bientôt libérés mais il me montre le pansement sous lequel il a miraculeusement réussi à garder son alliance et me rappelle ma promesse de la rapporter à son épouse en cas de malheur. Apres avoir passé par Osterode - Salzgitter - Helmstedt - Oebisfeld - Gifhorn - Wittingen - Uelsen - Salzwedel où une fosse commune est creusée par des détenus/env.250 prisonniers y sont enterres, le convoi poursuit sa route vers Arendses-Wittenberge-Nauen.

C'est aux environs de cette ville, alors que nous sommes arrêtés dans un bois près d'un transport militaire allemand, que notre train est mitraillé par des avions alliés. Nous risquons de nous mettre à l'abri sous notre wagon mais les S.S. nous tirent dessus Des détenus profitent de la confusion, tentent de s'enfuir mais en vain car ils sont abattus par les gardes qui se sont réfugiés à la lisière du bois. Avant de partir, les allemands achèvent les blessés graves. Plusieurs centaines de prisonniers sont morts dans cette tragédie. Deux amis, Raymond Piette et "Kiki" de Levai,sont blessés.

De Nauen, nous remontons sur Neustadt, nous redescendons ensuite par Segeletz où une autre fosse commune est creusée pour 350 à 400 malheureux, je suppose que c'est dans cette fosse que repose mon ami Marcel Franssen. Notre convoi contourne Berlin et le 16 avril, il arrive enfin à Heinkel (Kdo. de Sachsenhausen - Oranienburg). Une troisième fosse est creusée près de la voie ferrée pour y enterrer les derniers morts de notre "voyage".Au départ d'Ellrich, nous étions env. 2.000, nous sommes encore à peine 800 de plus ou moins vivants. Nous sommes restés 12 jours pour faire env. 540 km alors que le trajet n'est que d'env. 265 km. C'est dans un état pitoyable que je suis transporté dans le block des dysentériques, antichambre de la mort. Je reçois un autre costume rayé et un nouveau n° de matricule: le n°138.551.A près avoir essuyé un autre bombardement, nous sommes tranférés au camp de Sachsenhausen - Oranienburg où je suis admis au Revier, j'y retrouve Raymond Piette et "Kiki". D'autres convois sont arrivés dans ce camp, il'y a des femmes et des enfants. Les 20 et 21 avril,alors que l'on entend l'artillerie Alliée, des "marches de la mort" prennent le départ, certains de nos camarades plus, valides repartent avec ces "marcheurs",plus de 40.000 détenus sont forcés de participer à cette marche,des milliers n'en survivront pas. Je suis parmi les 3.000 qui sont abandonnés au camp avec deux médecins Hollandais,deux Français et deux Belges qui ont refusé de nous laisser sans soins.

  

Liberation

Le matin du dimanche 22 avril, alors que nous nous attendions à voir les S.S. venir nous achever sur notre  grabat du  Revier, nous apprenons qu'il n'y a plus un seul gardien, ni dans les miradors, ni à la tour d'entrée mais la grille reste fermée. Les bruits de la bataille démontrent que le front s'est nettement  raproché. Un détenu ayant trouvé à l'infirmerie un drapeau à l'emblème de Croix Rouge, il le hisse au sommet d'entrée. Nous sommes anxieux mais voilà que nous entendons la cloche d'entrée. Je me traine hors du Revier et c'est avec un profonde émotion que j'apperçois près de la grille d'entrée un soldat russe, mitraillette au poing, effreyé de tous ces êtres décharnés se précipiter sur lui pour l'embrasser, le toucher lui qui nous apporte la liberté...ce moment est indescriptible, je pleure comme un enfant... Le lendemain 23, deux blocks sont touchés par des grenades. Il y a des morts. Les officiers russes qui sont venus se rendre compte de la situation conseillent à ceux qui peuvent marcher de quitter le camp,de nous éloigner de la zone de combat,de nous mettre à l'abri de l'autre côté de l'Oder. Aidé par d'autres détenus un peu plus valides,je quitte le camp...Nous traversons une forêt, la route jonchée de débris de matériel militaire; parmis ceux-ci des corps de soldats allemands et de chevaux tués, j'avoue que j'ai plus de pitié pour ces pauvres bêtes que pour les Allemands qui nous ont tant fait souffrir. En fin de journée, nous occupons une ferme où un camarade français nous prépare notre premier repas d'hommes libres.Une patrouille de soldats russes nous apporte une bouteille de Wodka pour fêter notre libération. Hélas! le lendemain, nous retrouvons un compagnon qui n'a pas supporté ce festin et qui est décédé la nuit. Ce qui nous insite à être plus prudent.Je reste quelques jours avec ce groupe puis, ayant repris quelques forces, je décide de retourner vers le camp que j'évite comme la peste et je gagne la ville d'Oranienburg en grande partie vidée de ses habitants qui ont fuit devant l'avance des troupes russes.

En errant dans cette ville, j'ai le plaisir de recontrer des prisonniers de guerre belges et français qui ont quitté leur stalag avec un cheval de cavalerie attelé à une charette chargée de colis qui étaient destinés aux prisonniers mais qui n'avaient plus été distribués. C'est ensemble que nous nous installons dans un immeuble inoccupé et situé pas bien loin d'un hôpital où il me sera possible de faire soigner ma dysenterie. C'est là que commence l'attente de notre rapratriement, notre groupe se compose de deux P.G. français, deux P.G. belges, une prisonnière politique américaine et moi-même. Je passe mon temps à promener notre cheval dans les prairies environnantes, nous sommes devenus un bon pair d'amis. De temps en temps je vais aux nouvelles au camps, j'y retrouve des amis qui espèrent être rapatriés plus rapidement en restant au Revier.

 

Expulsion

Pour nous qui aspirons ardemment revoir notre famille l'attente est longue. Du fait que nous nous trouvons en zone Russe, le Commissariat Belge au Rapatriement nous néglige.

Les habitants d'Oranienburg reviennent petit à petit, les autorités allemandes sont (déja) plus arrogantes à notre égard et tentent de s'approprier de notre cheval, mais nous sommes heureusement protégés par les soldats russes. Le 23juin nous sommes très surpris de recevoir de la Kommandantur d'Oranienburg, un ordre d'expulsion:

Nous avons quatre Jours pour quitter le territoire d'Oranienburg... C'est un comble! Après avoir été emprisonné plus d'un an dans 6 bagnes allemands, être explusé par eux. Il est impensable que je retourne au camp où les ex-prisonniers attendent toujours d'être rapatriés (les Français le seront le 25 juin mais pas les Belges). Je ne suis pas en état non plus d'envisager de faire une longue marche, je ne pèse même pas 35 kg...

Il nous faut malgré tout nous résoudre à rentrer par nos propres moyens. Nous contactons un militaire français qui est incorporé dans les rangs de l'armée russe et a combattu à ses côtés jusque la prise de Berlin. Lui aussi souhaite rentrer chez lui: il demande son congé et sollicite auprès des autorités militaires russes, l'autorisation d'organiser un convoi avec les expulsés, afin de gagner Leipzig où se trouve un Centre de Rapatriement. Il obtient les laisser-passer et ordres de réquisitions. Mes amis prisonniers de guerre promettent de m'aider et j'accepte finalement de les accompagner dans ce convoi.

Le départ est prévu pour le 27 juin, limite du délai d'expiration de l'ordre d'expulsion qui nous a été adressé. Comme la première étape du voyage doit se réaliser en train, àu notre grand regret, nous sommes dans l'obligation de nous séparer de notre cheval. Il est échangé contre un petit cochon qui est rapidement transformé en victuailles pour le voyage. C'est parfois en train, parfois en tramway ou en camion mais le plus souvent à pied que, le 30 juin, nous gagnons Leipzig. Etant trop faible que pour marcher, j'effectue même une partie du trajet dans une brouette conduite par un des P.G. qui sont très attentionnésà mon égard.

Après quelques formalités, nous sommes admis au Centre de Rapatriement Américain. Le 1er juillet, nous profitons d'un départ pour la Hollande le Belgique et la France.Comme pour l'aller il y a 14 mois, le retour s'effectue dans des wagons à bestiaux... Finalement, mon état de santé nécessite mon transfert dans le wagon de la Croix Rouge.

C'est dans un état déplorable que le 5 juillet, je rentre au Centre de rapatriement St.Laurent à Liège où je passe un premier examen médical et ... un interrogatoire de la Sûreté de l'Etat. Le 6 juillet, enfin, une ambulance me ramène chez mes parents à Houdeng-Goegnies. Ils n'avaient plus reçu de mes nouvelles depuis mon départ pour l'Allemagne le 20 mai 44 et me croyaient mort. Les retrouvailles sont particulièrement émouvantes, ma aigreur squelettique impressionne toute ma famille. Des camarades de la résistance viennent me congratuler, c'est avec plaisir que je les retrouve, malheureusement il y a des vides,ceux qui ne sont pas encore rentrés et qui ne rentreront jamais. Un ami, C.J. de  Leval-Trazegnies, qui était resté au camp de Sachsenhausen, rentre  dix jours  après moi; il m'avait toutefois confié une lettre pour son épouse qui est surprise et très heureuse car elle avait reçu de la Croix Rouge , un avis de décès de son mari. Quand à Raymond Piette il sera porté disparu.

Il me reste une pénible mission à remplir: informer Madame Franssen du décès de son époux et lui remettre l'alliance de Marcel. C'est tout en pleurs que je m'acquitte cette douloureuse mission,sachant que mon ami regretté s'était sacrifié pour garder cette alliance.

Aujourd'hui,quarante-septans après, je ne puis oublier.

Wautrecht Raymond R.A.& P.P. 54.619 - 138.551  Büchenwald-Dora-Harzungen-Ellrich-Heinkel-Sachsenhausen-Oranienbourg

Wautrecht Raymond: entré dans la Résistance en mars 1943. Membre du Rassemblement National des Jeunes (R.N.J.) du Front de l'Independance (F.I.) puis agent de liaison à l'état-major de l'Armée Belge des PartisansA (P.A.)corps 023 (072).

Arrêté le 13 mars 1944 par la Brigade A (Sécurité et Information de La Louvière-la "BRIGADE DUQUESNE" et torturé par elle. Incarcéré successivement à la prison de Charleroi et dans les camps nazis de Buchenwald - Dora - Harzungen - Ellrich - mle.n° 54.619 . Heinkel - Sachsenhausen - Oraniënburg - mle.n° 138.551. Rentré en Belgique le 6 juillet 1945 (36kg). Le 14 juillet, il avait 20 ans...
 

La conspiration du silence

Lorsque l'on évoque la conquête spatiale,1'on évite de parler de DORA. DORA qui fut,non seulement un des camps de concentration le plus terrible mais aussi un lieu important de l'histoire du monde.

L'on fait, parfois, une discrète allusion à Pennemünde ou à Nordhausen mais l'on a bien soin de ne pas présiser que Nordhausen, s'était aussi DORA, camp d'extermination par le travail forcé dans une usine souterraine; creusée,dans des conditions  inhumaines,par des détenus politiques.Dans ce bagne souterrain,1'on fabriquait les premiers ancêtres des missiles et des fusées d'aujourd'hui.

Afin de ne pas ternir l'image de la conquète de l'espace, les "grands" n'ont pas intérêt à rappeler ce précédent à leurs exploits. Il les doivent à des savants allemands comme Wernher von Braun ce "savant américain", devenu un héros pour avoir porté pour la première fois un homme sur la lune et dont on ignore volontairement son passé de savant de allemand ou de nazi à la solde de son Führer Hitler. Monsieur Von Braun qui supervisait la production des V1 et V2 et qui, lors de ses visites dans l'usine sousterraine de Dora, restait complètement indifferent devant le sort horrible de ces prissoniers contraints à ce travail pour la Mittelwerk. Il portair une grande responsabilité dans la mort de plus de vingt mille de nos compagnons de captivité comme il portait également sa part de responsabilité dans la mort de milliers de victimes de ses "bombes volantes" dont 6.448 belges.

Pour le prestige de l'histoire spatiale,le passé de ces savants allemands doit être effacé,DORA doit être oublié.

C'est aussi l'avis de Monsieur JEAN MICHEL qui fut également un des esclaves d'Himmler dans les entrailles de la terre.Il témoigna au procès des criminels de guerre du camp de DORA qui se tint au tribu­nal de DACHAU en 1947 et au second procès à ESSEN en I947.

Dans son livre "DE L'ENFER AUX ETOILES",Jean MICHEL raconte: non seulement la vie au camp mais explique les raisons du silence voulu par les nazis sur les activités ée DORA et celui entretenu par les Américains et les Russes sur l'existence de ce camp de concentra­tion.Russes et Américains s'étant partagés les savants nazis qui tra­vaillaient sur les fusées.Ce livre révèle sur quel charnier et au prix de quelles souffrances a commencé ce qui allait devenir la recherche spatiale.

Déjà,dans son premier 1 ivre,"DORA-DANS L'ENFER DU CAMP DE CONCENTRATION 0U LES SAVANTS NAZIS PREPARAIENT LA CONQUETE DE L'ESPACE" Jean MICHEL exprime son inquiétude devant cette conspiration du silence: "Mon livre ne parle pourtant pas que de déportation.DORA,au nom de femme si romantique, ne fut jamais un camp comme les autres.-L'enfer de tous les camps de concentration-,avouera un criminel de guerre nazi. Là n'est pas le seul problème. Auschwitz .Treblinka.Buchenwald.Dachau: si quelques responsables de ces géhennes ont pu échapper au châtiment, ils restent tous maudits pour 1 • éternité. Il n'en va pas de même pour

Des personnages intimement liés à l'existence et au fonctionnement du camp sont aujourd'hui respectés, vénérés, encenses. Une immense conspiration s'est attachée à ce que les deux syllabes, de la honte ne viennent pas souiller le culte dont font l'objet ces nouvelles idoels des temps modernes. On a exécuté les bourreaux qui.la schlague à la main nous faisaient trimer à longueur de journée et de nuit. On a pendu des chefs nazis qui,en plein XXe siècle,ont osé transformer des hommes en escla­ves et reinstaller l'enfer sur terre.Mais on a jeté un voile pudique sur le fait-indiscutable,atroce-que cet esclavage,cette somme inouïe de souffrances.de misère et de mort furent mis,à DORA.au service de la fabrication de fusées qui n'ont pas permis à Hitler de gagner la guerre mais qui ont rendu possible plus tard la conquête de 1 • espace, quand Busses et Américains auront,sans aucune vergogne,récupéré les savants du Keich.de ce Reich promis pour mille ans.

Les fusées ont été les Pyramides de l'Allemagne hitlérienne. Comme le touriste qui,en espadrilles et en chemisette multicolore a' ébahit devant le Sphinx,le visiteur de la N.A .S.A. peut admirer aujourd'hui le musée de l'espace où,lieu fantastique,s'alignent,telles des flèches pointées vers le soleil,les différents spécimens de "quin­caillerie" mis au point par l'équipe de Wernher von Braumau début de la rangée se dresse l'ancêtre des grosses fusées:un V2.Mais si le promeneur des bords du Nil peut accorder ne serait-ce qu'une pensée distraite aux milliers de fellahs écrasés sous les blocs de pierre, rongés par les fièvres,abattus sous les coups,le XXe siècle finissant a réussi une performance digne de ses scientifiques hypocrisies:l• admirateur des pionniers de l'espace ne s'imagine même pas,face au V2 exposé au musée de la N .A.S.A., qu' il fut construit à DORA par des cohortes de spectres rayés,pourchassés par des S.S. ivres de sang.

Pour moi,pour mes milliers de camarades français,belges, hollandais, russes, tchèques, hongrois, yougoslaves, italiens, polonais et allemands.morts à DORA,je me devais de ne pas emporter ce secret dans la tombe...".(DORA de Jean MICHEL-éditions J.C.Lattès-1 975).

Monsieur Jean Mialet, rescapé de Buchenwald et de Dora, Président du Comité Européen de Dora à rédigé un article "Silence sur les Camps" publié dans le journal "Le Monde" du 06-01-91 dont les extraits suivants démontrent  qu'il partage notre inquiétude à ce sujet. "Les études consacrées à l'espace ne parlent pourtant jamais plus de ce camp. A les lire on croirait aue sa conquète à commencé avec l'année 1945, lorsque débuta la concurrence américo-soviètique pour la domination du ciel. Seul, semble-t-il, le Monde c'est interessé sérieusement dans une article du 28 avril 1990 à ce camp, sous le titre "Dora le camp trop oubié" et a donné les raisons de ce silence... Von Braun qui séjourna à de nombreuses reprises à Dora a assisté à ces horreurs et ne tenait évidemment pas, après la guerre, à les voir rappelées.

En raison du silence observé sur ce point par les Etats-Unis, si puissants en matière d1information.et par les Russes et aussi par les Occidentaux, pour lesquels le prestige de l'espace est devenu quasi sacré, 1'origine sanglante de sa conquête par l'homme a été occultée et Dora oublié... ".

Lors de notre réunion à Bruxelles du Comité Européen de Dora, le 10 janvier 92, c'est avec satisfaction que nous avons noté la présene de monsieur Christian Laporte, reporter auprès du journal "Le Soir"  qui publia dans ce quotidien des 11 et 12 janvier un article sous le titre "Contre l'oubli et l'indifférence facile. Mobilisation européenne pour sauver le camp de travail secret de Dora". Il écrit notamment: "L'histoire est incline à des pertes de mémoire qui se révèlent ètre des amnésies souvent  volontaires : le camp de travail secret, installé par les nazis à Dora pour y construire avec la "Mittelwerk" les V1 et les V2, en est une triste illustration...".

Par contre,dans un dossier du "Soir"  "La conquête de l'espace" (mars 1992), il n'est pas du tout question de Nordhausen, de Dora ni de la Mittelwerk.

C'est pourquoi il est de notre devoir, à nous, es derniers survivants de Dora et Kommandos de rompre cette conspiration du silence et rappeler que la conquête de l'espace est tachée du sang des plus de vingt mille morts de Dora et de ses Kommandos.

R.Wautrecht
P.P. 54.619
Administrateur de l'Amicale de DORA & Kdos

 

Noms

Franssen Marcel 1, 2, 3, 4, 5
Kiki 1, 2
Piette Raymond 1, 2, 3
  

Camps

Buchenwald
Dora
Harzungen
Woffleben
Ellrich
Heinkel
Saksenhausen
Oraniënburg