Document 1066 - Besprechung Dr. Ball Kanduri mit Dr; Frau Trocki
"In den Lagern Auschwitz, Neugamme, Bendorf als Ärtzin.", 30/12/1956

Trocki-Musnicki Haja (Pauline), 1945, Suède

 

Noms mentionés  Camps  Hintergrund-text: Die Bernadotte Aktion

Trocki-Musnicki Haja (Pauline), 1945, Suède
Temoignage trouvé à l'archive de Neuengamme le 15-12-06 sous le nr. 1067

  
Bemerkungen von Dr. Ball- Kaduri
zu Trocki-Musnicki Haja (Pauline) :
bericht aus den jahre 1945 ueber Lager Bendorf  und
tranport ueber Hamburg und Daenemark nach Schweden.
 
Die letzten Tage als Aerztin im Lager Bendorf. Zureckbleiben der Kranken oder Abtransport? - Transport uber Hamburg nach Denemarken und Schweden.

Ich habe bereits im Maerz 1957 einen Zeugenbericht von Frau Dr. Trocki ueber ihre Erlebnisse als Aerztin im lager Ausschitz, ueber ihre Begleitung eines Kindertransportes nach Lager Neuengamme und ihre weiteren Erlebnisse ueberreicht.

Heute ueberreiche ich in Erganzung dazu ein besonders wichtiges Dokument, naemlich die Aufzeichnungen, die Frau Dr. Trocki sofort nach dem Eintreffen in Schweden ueber die Erlebnisse der Letzten Wochen gemacht hat. Die Eintragungen sind in Franzossicher Sprache enthalten in einem linieerten Quartheft, handschriftlich mit Bleistift geschrieben, und schwer, aber noch deutlich erkennbar zu lesen, und umfassen 14 enggeschrieben  Seiten. Da wir das Originalheft zuruckgeben mussten, haben wir Abschriften herstellen lassen, und ich ueberreiche anbei zwei dieser Abschriften,

im Oktober 1957, Dr. Ball-Kaduri

   
Nous vivons depuis quelques jours dans un état de fièvre d'attante indescriptible. Les nouvelles qui nous parviennent de l'approche des armées alliées nous rendent nerveuses et inpatientes. On a à peine patience à sortir les malades. On manque de médicaments. On fait le strict nécessaire qui est suffisant à remplir nos  journées depuis 3 heures du matin jusqu'à 10 heures du soir. Les malades aves leurs phlegmons effrayants qui puent, demandant des soins. Des bains chaque jours. On est à deux pour travailler. L'aide de Bertha et Dora est nulle. Elles ne pensent qu'aux hommes. Vendredi le 5 avril 1945, nous faisons tous les pansements, nous mettons à point tout notre travail et nous décidons de prendre repos le samedi. Le jour se lève et nous apprenons que les femmes ne doivent plus descendre à la mine. Signe encourageant de l'approche des armées alliées. On apprend qu'elles sont à 25 Km de nous. A ce moment on ne s'imagine pas encore comment cela va venir. J'ai soutenu certaines malades toujours avec l'idée d'une libération brusque,  avec  l'image d'un train sanitaire qui transporte les malades le plus vite possible dans leur patrie respective. On nous joint encore une doctresse, nous avons beaucoup à faire. Nous avons 300 malades. Nous faisons de beaux projets, comment nous organiseront notre travail, une fois libre comme nous le comprenons. On parle vaguement de transport. L'expérience de Margot me dit que les allemands feraient leur possible comme toujours à l'approche de l'ennemi de se retirer avec leurs prisonniers. Mais un espoir secret fait briller devant nous une possibilité d'un départ rendu impossible. On parle d'encerclement, plus moyen de transport. Dans cette atmosphère de fièvre et d'attente des évennements nous vivons les journées de samedi, dimache 7 et lundi 8 avril. Il y a différentes rumuers qui circulent: libération des prisonnières allemandes, soi-disant par crainte des excès possibles contres ces femmes criminelles qui étaient à la tête de notre Lager. Lundi la sanitaire allemand previent Bertha que si l'ordre vient de partir, elle doit prendre les médicaments avec. A moi il ne dit rien, cela me donne à réflêchier, que peut-être nous juives restons, qu'il y a encore possibilité de certaines actions contre nous, ou au moins envers les malades. La situation est très incertains, personne peut dire quelque chose de sûr. Et voilà, le 10 avril, l'ordre vient de partir. En hate nous devons emballer tout les médicaments, faire nos paquets. La Bekleidungs-Kamer est vidée, on remet aux prisionnières des manteaux, du linge et robes rayée. Sur le dos de prisonnières est vidée la Bekleidungs-Kammer. Parmi les malades déjà depuis deux jours règne une grande inquiètude, surtout parmi les malades juifs qui ont eu l'expérience d'Auschwitz, on ne peut croire que les malades seront évacuées avec les autres et tout ce qui peut à peine marcher veut sortir du revier. Qui a une mère, une soeur ou une amie, veut sortir pour être ensemble. Moi même, je ne sait pas comment conseiller pour le mieux. J'explique la situation telle qu'elle est et laisse aux malades eux-mêmes de choisir. De 300 malades il en reste 150, vraiment les très graves malades parmi les juifs qui restent., les aryennes sont plus calmes, n'ont pas la même angoise d'extermination des malades comme les juifs. On verra par après que c'était un grand tort de sortir du revier, la cause de beaucoup de morts qui auraient pu être épargné à plus d'une. Mais au moment du départ précipité dans une désordre imaginable, de laquelle je n'auraie jamais cru capable les allemandes, tout le monde voulait se trouver les bien-portants. Quatre wagons sont réservé pour les malades. Salma et Margot sont désignées pour le wagon de très grandes malades, et considèrent ça comme une grande punition, m'envient que je reste avec les malades plus faciles.

Je suis le Liebling de Bertha et elle arrange les choses de façon que nous restons ensemble, ce qui cause de beaucoup d'énérvéments et des ennuis pour moi tout le long du voyage. Et voilà notre transport fantôme, notre transport de mort commence. Nous voyageons 12 jours pour arriver à destination d'Hamburg et notre convoi de 3000 femmes est partagé en quatre différents Lagers autour d'Hamburg.

Décrire ce transport c'est presque impossible. Il n'y a pas de mots dans notre vocabulaire pour paindre cette atrocité, cette bestialité, cette folie collective. Entassées dans les wagons à 120,à 130 on s'est acharné sur les plus faibles, et sur nos juives surtout. La seconde nuit du transport est marquée par la mort de 5 juives dans le wagon de proéminences allemandes, ces juives sont mortes par coups de blessures. Le bilan de ce transport est de 570 morts, hommes et femmes. Parmi ces morts la grande majorité est juive. Nos protecteurs pensent à notre santé et refusent de donner de l'eau à boire, on risque d'attraper des maladies, et on attrape effectivement des maladies, mais les maladies de soif, les follies de soif, auquelles nos protecteurs ne comprennent rien et on se plaise à enchainer ces folles, à les rouer des coups jusqu'à la mort. Quelques une sont acceptées dans les wagons sanitaires. La vie de ces malades entassées à 70 est indiscriptible. Ma seul fonction de médecin dans ce wagon est à lutter pour permettre de donnner de l'eau à mes malades. Bertha devient éxécrable envers moi, finie l'àmitié entre nous. J'ai la malchance d'avoir quelques malades allemandes dans mon wagon et avec Bertha elle me rendent la vie impossible. Du coup je suis devenue la doctresse juive, qui ne protège que ses juives, qui ne pense qu'à ses juives. Je ne suis plus la doctresse qui protège les françaises quoique encore mais surtout les juives. Et heureusement que je suis la pour les protéger contre la folie de ces allemandes encouragées par les Aufseherinnen allemandes.

C'est une lutte pour donner de l'eau, pendant la nuit c'est une orgie de coups sur les pauvres malades qui ont de la peine à se caser et ces dames occupent tout le milieu du wagon pendant la nuit parce qu'elles sont très fatiguées. Les malades entretemps sont couchées sur les mourantes. Pendant des heures les morts restent dans les wagons et les malades sont couchées dessus. La vue de tout cette horreur me crispe tout le temps. Je sais à paine parler, les larmes m'étouffent tout le temps. Je suis appelée sans cesse dans les wagons ou les femmes tombent comme des mouches, de soif, de faiblesse. On est entassé à 120-150 femmes par wagon. Il fait chaud. On étouffe. Il y a seulement une porte étroite ouverte. Je viens me plaindre auprès de notre Tansport-Leiter, peut-être il y a moyen d'ouvrir des fenêtres, provoquer un courant d'air. Je reçois la réponse cynique: "Quoi, elles vont mourir? Eh bien nous aurons autant de moins à transporter". Voilà l'amélioration que j'ai obtenu. Et les femmes tombèrent estenuées de soif et de faim.

Notre calvaire se prolonge. Différents bruits courent. Nous stationnons dans un forêt près de Ludwiglustig. On parle que nous ne pouvons plus avancer ni reculer, que nous sommes encerclés. Nous entandons la canonnade. On evolue la distance des alliés de nous à 20 km, d'autres disent mêmes 12 km. A côté de nous se trouve un camp ou se trouve 10.000 hommes evaqués de différent Lager de l'Allemagne, qui ont passé par la même calvaire pour arriver. Les 2000 hommes qui étaient avec nous sont logé aussi dans ce Lager. Le sort de nos 3000 femmes est inconnu. On parle vaguement qu'on continue la route malgré tout vers Hamburg, vers Neuengamme. On reste très sceptique à tous ces bruits, vu que nous ne croyons plus à nos possibilités de retraits. En attendant on reste sans ravitaillements pendant 3 jours. On ne fait que transporter les morts. Et voilà qu'on se met de même en route?

Et en route vers Hamburg, déjà alors on parle d'une destination vers Danemark. Et on arrive le 21 avril à Hamburg, ou arrive le grand commandant de Neuengamme. Les premières partent le groupe juif d'Hollandaise, le groupe de Philips vers un Lager pas loin de Hamburg à Ridelstadt. Nous stationnons encore cette nuit-ci à la gare d'Hamburg et tôt le matin, 22 avril nous partons, partagées en trois parties dans les differents Lager autour d'Hamburg. Nous, en groupe de 900 femmes, arrivons à Ochsenzoll, près de Zangenhorn. Dans ce Lager sont déjà logées 60 femmes juives et 500 de differentes nationalités. (Les russes et polonaises priment.) On loge la plus grande quantité des Juives dans un bloc à part. Nous nous en trouvons très bien. Nous avons déjà bien assez de ces arjennes quoique prissonnières aussi et desquelles nous avons subi assez de vexations et d'humiliations en cours de route?

Dans ce Lager on crève presque de faim. Nous n'avons pas de grande surveillance et pas d'appel; il y a moyen de se laver et de se reposer. Après 9 jours de repos, une après-midi, on vient chercher les juives et nous partons. Moi personnelement, je n'ai plus cette anxiété ce qu'on fera avec nous, mais la majorité n'est pas encore rassurée sur notre sort, surtout que ce n'est que des juives qui partent. (Un petit épisode: arrive un jour le commandent de ce Lager, faire un controle dans notre bloc, si tout est en ordre et tient dans notre chambre un beau discours, que nous devons profiter de notre halte dans ce Lager, qu'un nouveau transport départ n'est pas exclu et c'est pour cela qu'on doit tacher de bien se laver, se reposer parce que si nous sortons en liberté, que nous soyons présentables. La dessus je me permets de faire une réflexion quand il évoque une liberté possible. "Ein schooner Traum". Un beau rêve. Il se retourne vers moi et demande: qu'est ce que vous dites? "Eh bien c'est un beau rêve, la liberté." Quoi, vous ne croyez pas? Mais c'est comme ça.) C'était la veille de notre départ. Ce petite colloque que j'ai eu avec le commandant a donné lieu à des petites discussions. D'autres d'émerveillaient sur mon courage de le dire (parce que c'était un homme terrible, il nous l'a bien montré deux jours avant en punissant deux femmes et les battant à mort.) D'autres critiquaient ma sortie. Mais de tout cela je deduis qu'ils ont déjà vent (?) d'une décision quelquonque envers nous et c'est pour cela qu'il a parlé de cette liberté probable. Et voilà que le 31 mai (avril, NDLR) nous partons et arrivons à Eidelstadt où étaient déjà les Hollandaises et où sont arrivées les françaises et les polonaises d'autres Lager. Il n'y a pas de place pour nous loger. On se met à quatre dans un lit. Des femmes sont couchées par terre et je dors sur une table. Le lendemain évidemment, pas question de se laver. Pas moyen de sortir. Je retrouve la doctresse hollandaise Levy, elle apprend que je suis là et elle m'amène au revier. Un mot ridicule parceque ce revier il n'y a rien pour soigner. Vers quatre heures de l'après midi on nous appele toutes. Nous partons de nouveau. Vaguement il y a question de la Croix-rouge, à laquelle nous seront livrées. Rien de sûr. On va à pied jusqu'à la gare d'Hamburg qui est à 2-3 km de ce Lager. En arrivant un long convoi de wagons nous attend. Nous sommes mises d'après les nationalités à 55 dans un Wagon, qui sont remplis de poilles et de deux Posten allemands qui ne sont pas des SS mais de la police pour nous surveiller.

Ces postes nous apprennent la grande nouvelle, nous allons à Danemark. Et que la croix rouge s'occupera de nous. Le soir même nous reçevons une bonne ration de pain et de margarine. Et, en route, en route vers Danemark. Nous voyageons la journée du 1 mai. En cours de route nous voyons bien l'armée allemande en déroute les civiles qui évaquent.

Au fur et à mesure de notre voyage nous apprenons que les anglo-américains avancent rapidement, que Hamburg que nous avons laissé derrière nous, a capitulé. Que Berlin est occupé et que Hitler et Mussoline sont morts. Le 2 mai au soir nous sommes à la frontière de Danemark, on parle déja qu'on attend les anglo-américains. On arrive à Pedborg, ville danoise. La réception des danois est indiscreptible, mais en même temps c'est le souvenir la plus pénible de mons voyage vers la libération.

Les femmes affamées arrachent tout litteralement des mains de danois et de danoises complaisents qui s'amènent avec toute sorte de gaterie vers notre convoi. C'est surtout les femmes juives hongroises qui se jettent sur ces gens, arrachant tout. Les gens n'ont même pas la possibilité d'arriver jusqu'au wagon, pour distribuer quoique ce soit. Ce qui me fait mal que c'est justement les juives qui le font et rien que les juives. Et les areyennes sont exaspérées que rien n'arrive jusqu'à elles et c'est encore une occasion de médire et de médire sur nous. Dans quelques wagons nos gardes allemands ne laissent pas sortir les femmes des wagons, mais la plupart de ces hommes s'en fichent de ce désordre. Nous supplions de maintenir l'ordre pour ne pas avoir ce spectacle terrible. Quelques gardes se plaignant à l'SS Mann qui nous accompagne mais il s'en fiche déjà aussi.

Nous apprennons que nous logeons la nuit à Pedborg et le lendemain nous continuons notre chemin vers suède, vers la liberté. Cela donne lieu à des scènes, déchirants de joie. Il y a combien qui savent qu'elles ont tout perdu, leurs parents, leurs enfants, qui sont sans famille et sans patrie. Mais la vie est plus forte. Elle reprend ses droits. Et la joie bat son plein parmis la jeunesse, malgré tout, insouciante. On chant beaucoup, on rit. Mais ma joie à moi est melée avec trop de tristesse. Pendant ces longs mois de captivité, j'ai rejeté loin de moi tout pensée de la maison, des miens, comme d'une chose impossible. J'étais pourtant placée dans des bonnes conditions pour espérer des le début de sortir vivante de cette catastrophe. Mais par un instinct de conservation je rejetais loin de moi tout idée de la maison, de Bruxelles, de tout et de tous et je vivais dans l'attents de la fin. Les nouvelles nous parvenaient par l'intermédiare des civils avec lesquelles les prisonnières étaient journellement en contact comme toujours un peu déformées, mais plus ou moins vraies. J'ai espéré que Dode qui est resté à Auschwitz, était depuis Janvier liberé, mais par un transport de femmes de Ravensbrueck qui est venu chez nous, j'ai appris, que je ne doit pas me faire des illusions, que le 18 janvier Auschwitz était évacué dans des conditions très difficiles. Je me demandais si Dode pouvait resister. L'espérience a montré que nous autres, les femmes sommes de loin plus résistantes que les hommes. Et Dode n'est pas un homme tellement fort. Et avec son estomac. Et tout et tout. Dans notre Lager à Boendorf sont arrivés 160 juifs-hongrois et polonnais (la plupart de Lodz). Par eux j'ai appris qu'ils ont travaillé dans une usine d'auto et après 7 mois de séjours ....

... 650 hommes sont morts et les 150 qui étaient dans notre Lager étaient tous des squelettes vivants. Voilà ce que c'étaient les transports. Des transports d'exterminations. Tout ce que j'ai appris n'était pas en mesure de calmer mes apréhensions, mes inquiétudes. Et pourqoui ma joie étair modéré et melangée avec beaucoup de chagrin, malgré cette grande chose qu'on attendait avec tant d'impatience durant des longs mois: la liberté.

La nuit du 3 mai nous passons à Pedborg (dans une grange) rééception grandiose, des locaux specialement construits par la croix rouge danoise pour recevoir les milliers de prisonniers et prisonnières qui passent.

Hintergrund-text: Die Bernadotte-Aktion

  

Noms mentionés

Dode
Levy

 

Camps

Bendorf
Ludwiglust
Hamburg