Le 31 mai
1945
Roger van
ROYE
Epoux Henriette de SCHRYNMAKERS de DORMAEL
(cousine germaine de Leontine de BECO-de RAIKEN)
Mon cher Paul,
Nous avons presque été
soulagés en recevant ta lettre du 27 parce qu’elle nous donnait encore un
léger espoir. Depuis la visite ici de Léon, nous craignons le pire et nous
voulions cependant pas encore y croire. C’est pour cela que, dans
l’attente de nouvelles absolument certaines, nous n’avions pas voulu en
quelque sorte anticiper sur la réalité de l’horrible événement et te dire
aussitôt, aussi qu’à Titine, la part
que nous prenions à notre inquiétude. Celle-ci, maintenant, se change,
hélas, en la plus dramatique des certitudes. Car, si nous doutions encore,
en vue de s’acrocher quand même à un tenace espoir, après ce que nous
avait rapporté Léon, et il faut bien dire que parfois, certains
renseignements qui paraissent irrécusables se verifient ecris dans la
suite, je crains maintenant que nous devions vous dire, et de quel Coeur!
Toute la part que nous prenons ci votre douleur trop justifiée hélas!
Pauvre cher Riquet! Nous voudrions
nous dire …les plus infinie des délicatesses les mots de consolation et
d’affection qui conviennent, mais notre Coeur est si lourd d’emotions que
nous nous sentons incroyables de faire autre chose que de pleurer et prier
avec vous.
J’ai pu, grace à un service de renseignements de l’université de
Bruxelles, trouver l’adresse de M. Soumenkoff.
Yette est allée le trouver, rue de l’orient, 106, mais il avait repris
domicile, en rentrant d’Allemagne, à Watermael, 2, place des arcades. On
nous a donné son numéro de téléphone et je me suis mis aussitôt en rapport
avec lui, mais comme il avait été absent, ce n’est qu’en matin que j’ai pu
le toucher.
M. Soumenkoff n’a pas assisté aux
derniers moments du pauvre Riquet.
C’est en avril 1944 qu’il est devenu plus faible et et s’est trouvé, par
suite des privations, atteint de Tuberculose au point qu’a une date qu’il
ne peut determiner, mais dans le courant d’avril,
Soumenkoff a dit voir Riquet quitter la
baraque pour l’infirmerie. Ce transfert indiquant la fus proche et
inévitable. C’est l’ami que Riquet
s’était fait là-bas, Pierre d’Alcantra,
de Liège, qui l’a conduit à l’infirmerie. Riquet avait remis à
d’Alcantra un petit billet, message
d’adieu jour les (…),
car il savait ce que signifait son depart à l’infirmerie.
Pierre d’Alcantra portait le message sur
lui, mais à son tour il c’est emporté...
Riquet
n’a pas du tout au moins dans les derniers temps, faire du travail lourd.
Comme l’avait declaré le prisonnier revenu qui a parlé à Léon,
Riquet devait elever des blocs
de mica et exécutant en travail assis.
M. Soumenkoff qui semble être une
personne douce de grandes qualités de Coeur et d’esprit, avait beaucoup de
sympathie pour Riquet, qui était d’un moral très élévé et avait compris
toutes les sympathies. Ce brave enfant, disait-il…Mais il avait été
parfois quelque peu imprudent, même quand le mal qui l’a abattu le
tenaillait déjà. Il échangait parfois sa maigre rantson de pain contre des
cigarettes…
M. Soumenkoff qui est étudiant en
médecins (il avait terminé sa 3ième année quand il a été arêté), peux que
si Riquet s’est rendu compte de son
état au moment de se render à l’infirmerie, il n’a plus dis souffrir
ensuite et est mort doucement, dans un lit.
J’ai dit à M. Soumenkoff que tu
désirais sans doute venier le voir pour detenir tous les details auxquels
un si cher souvenir attache tant de prire. Je sera, m’a-t-il dit, heureux
de pouvoir vous témoigner sa sympathie en vous disant tout ce don’t il se
souvient à propos de son jeune compagnon…une belle âme, dit-il…
Si tu veux venir le voir prochainement, préviens-moi? En tous cas Titine
et toi ou quelqu’un de la famille est attendu ici chez nous à cette
occasion.
M. Soumenkoff m’a dit qu’il arrangait aussi le près pour le “petit
(…) Lacroix
comme il disait, qui était à Oranienburg dans un état alarmant…
Mon Cher Paul, je te quitte, car je voudrais t’adresser cette lettre par
express, pour que tu ne tardes pas à recevoir les tristes renseignements
que tu attends. Si je puis encore t’aider et notamment aller voir M.
Soumenkoff, je le ferai de grand Coeur.
Ce tous, Yvette et moi vous disons notre toute grande affection comme
notre tres profonde sympathie.
Roger |