GvdB 0087

   

Josse Alzin (Joseph Adolphe Alzinger), Martyrologe 40-45. Le calvaire de la mort de 80 prêtres belges et luxembourgeois; introduction de Cardinal Van Roey; édité par J. Fasbender. - Arlon: Fasbender J., 1947

   

Table de matière

Table de matières
Préface du Cardinal Van Roey

Introduction
1940-1941
1942
1943
1944
   Mercier Vincent
1945
Et maintenant - Vigile
Invitatoire
Trois nocturnes
Laudes
Liste Alphabetique
  

« Je frapperai le pasteur
et les brebis seront dispersées »
(Zach. XIII7)

Au Cardinal Van Roey, leur chef et modèle

  

Preface du Cardinal Van Roey
Archeveque de Malines

Monsieur l'Abbé,

En terminant la lecture de votre manuscrit, nous ne pouvons cacher l'émotion profonde que nous avons éprouvée tout au long de ce Martyrologe. Par la pensée, nous avons suivi tous ces prêtres dont vous narrez l'histoire, toutes ces victimes de la barbarie nazie, nous les avons suivis au cours de leur douloureux chemin de croix, dans les prisons, les bagnes et les camps d'extermination. Beaucoup d'entre eux nous étaient personnellement connus; plusieurs appartenaient à notre diocèse et étaient nos fils.

C'est vraiment une œuvre de piété que vous avez réalisée, un devoir de reconnaissance que vous avez rempli. Vous avez par là rendu un service signalé à l'Eglise et à la Belgique.

Quelle galerie de  portraits!  Prêtres  diocésains ou religieux, professeurs, aumôniers, curés ou vicaires, jeunes prêtres à peine élevés au sacerdoce ou vieillards usés par le ministère. Wallons ou Flamands, comme vous avez bien mis en lumière les leçons splendides de foi, de patience, de patriotisme et de charité chrétien­ne, qu'ils nous ont données!

En décrivant leurs souffrances, leurs tortures et leur atroce martyre, vous ayez stigmatisé, comme il fallait, leurs bourreaux inhumains.

Mais, en rappelant les sentiments de pardon qui les animaient à l'égard de leurs persécuteurs au milieu même de leurs supplices, et l'amour avec lequel ils ont offert à Dieu leurs indicibles épreuves pour le salut de leurs amis et de leurs ennemis, de la Patrie et de l'Eglise, vous faites rayonner le sublime exemple qu'ils nous ont laissé.

Puisse votre ouvrage se répandre largement et jeter à tous les vents les semences précieuses que recèle la vie de ces prêtres héroïques!

Laissez-nous, Monsieur l'Abbé, vous en remercier et vous en bénir.

Votre tout dévoué en N. S. + J. E. Card. VAN ROEY,

Malines, le 4 août 1946
    

Ceci n'est pas
un "livre de guerre"
C'est une rude "legende d'oréé"
peremptoire pour la paix

  

Je frapperai le pasteur..."

C'est le titre que je voulais donner d'abord à ce martyrologe, peur présenter les prêtres de Dieu qui ont été, ligotes, flagellés, proscrits, affamés, roués oux galères, livres aux bètes et jetés au feu.

Traduntur igni martyres et bestiarum  dentibus.
Devenus avant de mourir les balayures du monde: tamquam purgomento hujus mundi, omnium peripsema    .
Puis réduits à périr sous la vermine, les abcès, ou la hache, et enfin jetés aux fosses communes ou aux brasiers.
Restés si libres cependant qu'ils ont été capables à tout moment de pardon.

En été 45, quand j'écrivis Mon curé chez les nazis, j'étais trop prés encore dos abîmes.

Je venais de quitter les cadavres. Je rentrais des géhennes où les Allemands avaient fait sauter des fours crématoires et laissé des fosses pleines de cendres d'hommes.

J'avais vu des forçats altérés boire à méme les rigoles où stagnait de la boue de cervelle.

Aujourd'hui je revois tout cela, selon le mot de l'apôtre Paul, comme en un miroir.

Car voici les photographies des lieux maudits. Et les faces de nombreux martyrs parmi  les plus purs.

Il ne manque que les masques des monstres qui se vautraient dans les atrocités. Ils avaient, comme dit Green, la  tristesse du  visage de Satan.

Aujourd'hui je poux m'indigner comme il convient, tout dire avec le calme et la cruauté de la vérité, rappeler ce qu'on a déjà si bien oublié, pardonner aux hommes mais refuser la rémission à l'enfer lui-même. Et à ceux qui ne sont pas encore tombés à genoux. Et empêcher le serpent du se retourner pour nous mordre au talon.

Je puis aujourd'hui chanter le courage des victimes plutôt que de mesurer les crimes. Transsubstantior leur souffrance, en rayonnement.

Et faire éclipse un peu sur la haine par l'amour. Avec ce livre je juge achevé mon témoignage.

Josse Alzin,
prisonnier   politique
des deux guerres.

   

Aucun détail n'est tombé sous la plume sans être passé par le calvaire de l'auteur, prêtre rescapé de Neuengamme et de camarades rescapés de divers bagnes.

Les dessins ont été exécutés par des rescapés de Dora, Buchenwald, Auschwitz; la couverture par V. BAILLY.

Les photographies ont été fournies par le SERVICE DE DOCUMENTATION DE L'AUDITORAT GENERAL, le Commandant G. DE CAUWER et G. MULLER, rescapé de Ravensbrûck.

L'édition a été réalisée par R. FASBENDER, rescapé d Esterwegen et Flossenburg.

  

  .....

L'Abbé MERCIER Michel
vicaire à PUTTE (Anvers
de l'Armée Secrète
supplicié et enchainé
5 prisons   2 bagnes
martyr de Theresienstadt
36 ans

Y eut-il pour un prêtre un calvaire plus affreux? Y eut-il un prêtre aux fers plus vaillant? De torture à torture, de cachot à cachot, les menottes aux mains durant 8 mois, condamné à mort et non exécuté parce que d'autres condamnations l'attendaient et qu'on espérait, à force de cruauté, le faire parler.

L'abbé Vincent MERCIER, né à Esschen (Anvers) en 1908, dont le seul frère est prêtre aussi, fit ses études à Hoogstraten, sa philosophie et sa théologie à Malines. Il devint prêtre en 1933, vicaire à Winghe-St-Georges, à Leeuw-St-Pierre puis à Putte-Kapellen (Anvers).

Il donna l'exemple d'un zèle ardent dans les œuvres jocistes, les Patronages, les Bibliothèques, les Ligues du Sacré-Cœur, etc.

Son patriotisme fervent et sa charité le poussèrent à faire partie de l'Armée Secrète, à porter aide aux parachutistes, à se dévouer en toute occasion pour son pays et ses frères.

L'ennemi sut qu'il avait hébergé et fait évader un aviateur anglais. Conduit en janvier 44 à la Gestapo à Anvers, il y fut torturé à tel point que les docteurs allemands de la prison firent un rapport de protestation contre les bourreaux S.S. Jamais on ne saura tout ce qu'il a enduré. Jamais non plus les brutes purent en tirer une révélation, un nom, des détails, des chiffres.

La souffrance et l'isolement ne purent venir à bout de cette jeune vaillance. L'abbé Mercier encourageait tous ses camarades de cachot. Il en ramena à Dieu et le 14 février un des captifs fit, grâce à lui, sa Première Communion. Rien de contagieux comme la sainteté, chez des hommes qui ont encore l'amour clair de la Patrie et la conscience droite. Héroïsme et sainteté ont visages si semblables!

 Le 18 mars 44, on entraîna le prêtre à la prison de Saint-Gilles et il fut condamné à la peine capitale, poteau ou guillotine. Mais il ne fut pas exécuté encore. Deux autres condamnations se préparaient pour lui et dans ces graves affaires ne fallait-il pas tenter de le faire parler?

Devant son mutisme fier, on décida de le conduire, menottes aux poings, en exil. Avec d'autres condamnés à mort, il fut emprisonné à Bonn, puis on les emmena à Cologne. Il put, en ce cachot, confesser et encourager les captifs hollandais.

On le conduisit ensuite à Hanovre, puis à Halle.   Il portait toujours les chaînes, et les garda jusqu'au 5 avril 1945. Les mains liées, il demeura seul en sa cellule sombre, à Halle, depuis le 15 août 44

Ce n'est que le 5 avril 45 qu'il fut délié et conduit dans le camp de concentration S.S. de Söchen. On a appris qu'il y a confessé et assisté des prisonniers français condamnés à la mort.

Enfin il fut jeté avec d'autres malheureux captifs dans un de ces «trains fantômes» d'où l'on tira tant de cadavres bleuis. Dans chacun des wagons à bestiaux, 88 condamnés entassés, les plus malades écrasés par leurs compagnons la nuit, tous affamés, presque sans pain et sans eau. L'effrayant voyage dura un mois entier.

Le typhus et la dysenterie firent d'incroyables ravages. L'abbé Mercier avait pu recevoir un remède contre la dysenterie qui le dévastait mais il le donna à ses frères d'infortune.

Ils arrivèrent le 8 mai à Thérésienstadt en Tchécoslovaquie, où les Russes les arrachèrent trop tard à leur enfer ambulant. Le prêtre avait donné sa vie, jour après jour, par de nombreuses stations de son chemin de croix.

Tous ceux qui savent sont si terrifiés et si émus .qu'ils n'osent révéler tout cela à sa vieille maman et qu'on ne lui laissera pas lire ces notes.

 

Liste Alphabetique

ADAM
ANEME
ARNOLDS
BECKER
BILOCQ
BIOT
BIWER
BLESER
BORREMANS
BOUGARD 
BRACHMOND
BRAHAM
BROOS 
BUYSSE
CAPON   
COLLART
COLLIGNON
CORDONNIER
DARDENNE
DAVIGNON DE 
BACKER
DE SLOOVERE
DIRICK
DRESSEN
DUESBERG
DUMONT
ESCH 
ESTIENNE
FECK
FIEVEZ
GENTEN
GEORGES
GEUNS
GOFFINET
GRANDJEAN
HARMEL
HEYMANS
HUART
KANNAERTS P.   
LEFEBVRE G.
LEFEVRE
LEMMENS 
LEPLAT 
LE ROUX 
MACK  
MAGNEE
MERCIER 
MERGEAI 
MOERNAUT
MOUSSIAUX
MUERMANS
NICOLAS
NICOLAY
Mgr. ORIGER
ORIGER J. PAYEN
PETERS
PIERARD 
PIERLOT
QUESTTAUX
RASKIN
RENARDY
REYNAERT
RIXHON
RODHAIN  
ROUYER
SENDEN
SERVAIS
SILVESTRE
SOSSON
STARING
STOFFEL
TAVIER
TRAUSCH
VAN DEN BOSCH
VAN HOOF
VAN OOSTAYEN
VAN POUCKE
VINCKE
VOORDECKERS
WAMPACH